<h1>Noelfic</h1>

Revolution | Tumultus


Par : llbartabacll

Genre : Science-Fiction , Action

Status : C'est compliqué

Note :


Chapitre 1

Publié le 05/03/16 à 01:31:21 par llbartabacll

Sourate #1 : Le Destin est-il déjà inscrit ?

182ème Cycle – An 114
Gliese – Secteur 37

« Comment devons-nous le prendre lorsque nous nous sentons oubliés ? Est-ce que tout ça est déjà inscrit ou notre décadence nous a couté notre place dans la société ? Forte d’une histoire, soi-disant inarrêtable, notre peuple n’est dorénavant que du passé. Je suis née en tant que Ève, seule enfant de Shadad אבו et de Meryem אום et malheureusement, je n’ai pas connu ce pan de l’histoire. Pourtant, dès ma naissance, je fus rangée dans les ישן שֵׁמוֹת (Anciens Noms) et marquée à vie par ce tatouage sur le menton. Sans même pouvoir commencer à vivre, je n’étais déjà plus que du passé pour les חדש שֵׁמוֹת (Nouveaux Noms).
Malgré cela, notre peuple n’était pas dénué d’intentions pour renouer avec son histoire. Mais sur Gliese, il ne pouvait y en avoir qu’une et ce sont les Nouveaux Noms qui pouvaient seulement l’écrire. À leurs yeux, il n’y avait qu’eux qui possédaient le privilège de continuer l’histoire. La raison ? Ce sont eux qui ont surmonté les grands évènements qui ont stoppé notre histoire et commencé la leur.
Il est facile d’oublier que les Anciens et Nouveaux Noms étaient, autrefois, un seul et unique peuple vivant paisiblement sur Gliese. Les erreurs ont été commises par le peuple et non une partie de ce dernier. Quel bon moyen de faire taire cette vérité en l’annihilant dans la terreur et la peur… Il est mieux pour les Anciens Noms de ne rien faire, de n’être que les oubliés d’une nouvelle histoire plutôt que d’être ceux qui l’écrivent.
De nombreux Secteurs pensent la même chose que moi et les Nouveaux Noms en sont pleinement conscients. Cependant, la terreur et la peur peuvent rapidement arrêter cette envie de libération si des personnes n’ont pas le courage de s’y opposer. Mon père est quelqu’un qui a vécu et qui a vu notre histoire s’effondrer. Il m’a inculqué les savoirs de notre peuple… Montré ce que la vie pouvait nous faire et comment y répondre… Mainte fois raconté ce qui ne devrait pas être oublié. Malgré que nos deux buts soient identiques, nos façons de faire divergent.
Je ne suis peut-être qu’un point insignifiant sur Gliese mais il ne faut pas oublier qu’une révolution, qu’importe son domaine, est d’abord née de l’envie d’une seule personne. Je ne me proclame pas être cette personne mais je compte bien faire partie de cette révolution… Notre révolution. »

Ces derniers temps, j’aimais bien m’exiler du reste du groupe. En hauteur, sur le toit d’un building abandonné, je savais que personne ne viendrait me déranger. Je pouvais être seule pour réfléchir, penser à ce que nous réservait l’avenir. Les anciens buildings, rappelant si bien notre histoire, et l’horizon en fond résumaient bien ce qui se passait dans ma tête, un espoir parmi le chaos…

« Ève, tu veux bien descendre de là ? Tout le monde doit se rassembler près de la Place, exigea mon Père.
- Et je peux savoir pourquoi ? demandai-je en descendant en un éclair du bâtiment.
- Le Souverain Affân a quelques mots à nous adresser. Il veut certainement nous rappeler ce que nous sommes. Il n’a pas dû bien aimer les quelques incidents qui se sont produits dernièrement.
- Le Souverain en personne ? C’est bien aimable à lui de venir nous rabaisser encore une fois.
- Quelque chose me dit qu’il est là pour autre chose, il ne s’est pas gêné pour faire venir un de ses représentants les autres fois.
- Bien entendu qu’il n’est pas là pour dire quelques mots puis repartir. Peut-être qu’il veut intervenir lui-même, il a toujours été meilleur que ses représentants pour propager la peur chez les autres… Il faut dire que tu l’as bien cherché avec les conflits qui se passent entre eux et nous.
- Tu insinues quoi par-là ?! demanda-t-il en haussant la voix.
- Rien du tout, Père. Je dis juste qu’avec tous ces problèmes à répétition, il préfère intervenir lui-même avant que ça devienne plus gros. Il est préférable pour lui d’arrêter ça maintenant avant que ce soit réellement gênant.
- Tu sais tout autant que moi que s’il essaye quelque chose, nous répliquerons en retour.
- Mais répliquer comment ? ça finira comme les autres Secteurs qui ont essayé et qui sont maintenant déserts. Ce n’est pas en sortant les arm-
- Ne recommences pas avec ça, répondit-il en me coupant. Le stade des discussions est terminé depuis bien longtem-
- Tu as essayé, hein ?! Ne me dis pas que tu as essayé ! Tu sais très bien comment ont fini les Secteurs qui ont fait comme tu le penses. Ils font tous comme ça, encore et encore mais le résultat reste le même. Et malgré ça, tu veux encore réagir de la sorte ?!
- Parce que ça ne peut se terminer que de cette façon !
- Répondre aux armes par les armes ? Finir dans des bains de sang ? Les grands événements qui ont mené à ça ne vous ont pas servi de leçon ?!
- Tu ne sais rien ! Tu n’as aucune idée de ce qui a mené à tout ça ! Ne te donne pas des raisons sur des choses qui te dépassent !
- … N’importe quoi… répondis-je en prenant mes distances avec lui. »

Sans prévenir, mon Père plaça une arme à l’arrière de ma ceinture. Je me retournai, d’un air désemparé. Je me demandai s’il venait juste d’entendre ce que je lui disais. J’hésitai quelques instants à lui parler mais je préférai souffler en reprenant mon chemin.
La place était déjà bondée à notre arrivée. Il fut difficile de se faufiler parmi la foule pour arriver proche de l’estrade. Au loin, Le Souverain Affân pouvait être visible avec toute sa garde. Il se mit à progresser vers l’estrade, toujours bien accompagné. Au fur et à mesure de son avancée, la foule se mit peu à peu à se taire. Une fois sur l’estrade, il ne régnait plus qu’un silence glacial.

« Le Secteur 21… Le Secteur 48… Ou encore le Secteur 54… Je suis certain que ces numéros sont revenus beaucoup de fois lors de vos dernières discussions. Vous savez comment tout ça s’est déroulé, je ne suis pas là pour vous raconter ce que vous savez déjà. Cependant, et malgré les conséquences que cela entrainent, vous souhaitez faire la même chose qu’eux. Votre détermination est plutôt… Admiratif, dirais-je ? Ou ridicule ? Je vous le demande, dois-je rajouter votre numéro à ceux précédemment cités ? Personnellement, je connais déjà la réponse et pour vous dire la vérité, la vôtre ne changerait pas grand-chose. Pourquoi ? Parce que vous n’êtes plus de ceux qui dirigent cette planète. Vous l’étiez peut-être, je ne sais plus trop à vrai dire […]. »

Je fus totalement déconcentrée en voyant les troupes du Souverain avancer lentement vers la foule. Je me mis à reculer, bousculant quelques personnes au passage. Je n’arrivai même pas à sortir le moindre mot, totalement consciente de ce qui allait se passer. Le discours se termina sous une première rafale de tirs. La foule, tout comme moi, courra aussitôt.
Je me réfugiai dans nos appartements situés non loin de la Place. Les tirs continus mêlés aux cris de la populace n’arrêtaient pas de résonner dans ma tête. J’accourus à l’étage pour avoir une meilleure vue sur l’extérieur. Littéralement collée contre la fenêtre, j’essayai d’en voir le plus possible. Des corps gisaient déjà sur le sol. Certaines personnes, du moins celles qui n’opposaient aucune résistance, étaient emmenées dans des véhicules en partance pour la Capitale. Soudain, la porte d’entrée claqua brusquement. Petits pas par petits pas, je m’avançai vers les marches pour apercevoir l’identité de ceux qui étaient entrés. Sans crier gare, plusieurs tirs surgirent du sol, j’en tombai à la renverse. Un ennemi, orné de son armure arborant le symbole des Nouveaux Noms, monta rapidement les quelques marches, arme à la main et pointant directement en ma direction. Je m’exécutai directement lorsqu’il me hurla de me mettre à genou. Il colla le canon de son arme sur mon front, faisant reculer suffisamment ma tête pour voir la sienne. Durant une fenêtre ridiculement petite mais largement pour ce qu’il me fallait, il cligna des yeux. Je subtilisai son arme et la jetai par la fenêtre que nous traversâmes aussi vite.
Nous atterrîmes lourdement sur le sol, face à une autre troupe du Souverain. Sans même prêter attention qu’un des leurs était juste à côté, ils tirèrent sur ma position. Son corps me servit de bouclier, aucun tir ne traversa son épaisse armure. J’attendis que la troupe parte pour dégager le corps et m’éloigner d’elle. Les circonstances ayant précipité les choses, je devais m’assurer que mon Père s’en était sorti. Le Souverain était bien entendu plus là lorsque j’arrivai à la Place. Il ne restait plus qu’un tas de corps, que par dégoût, je devais toucher pour vérifier si l’un d’entre eux n’était pas celui de mon Père.
Avant d’avoir terminé, une rafale balaya la zone en frôlant les piètres tissus qui me servaient de vêtements. Je me retournai, en agrippant fermement l’arme à ma ceinture, pour remarquer une troupe me visant. Elle s’avança vers moi mais je ne baissai aucunement mon arme. Un ennemi, vraisemblablement plus gradé à la vue de son accoutrement, s’en dégagea pour avancer plus rapidement que le reste. Arrivé à quelques mètres de moi, je n’avais toujours pas tiré.

« Vous êtes gracié par le Souverain, lâchez votre arme et vous serez épargné. »
- Puis-je savoir pourquoi un tel choix ?
- Les détails ne m’ont pas été donnés.
- … Si je tire, je suis sûre de mourir ici… Et puis, c’est peut-être la meilleure possibilité que j’aurais pour parler au Souverain… Ça me va, finis-je en laissant tomber mon arme. »

Je lui présentai mes mains pour qu’il puisse me menotter mais il préféra m’assommer avec un coup de crosse au visage. Je tombai au milieu des corps, la bouche ensanglantée mais avec l’espoir que j’espérais pour ainsi changer les choses selon ma manière.

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